Développer la recherche pour une éducation plus inclusive
Publié le 21 juin 2023, mis à jour le 21 juin 2023-
Chaque année, plus de 50 000 enfants sont privés de rentrée scolaire ou scolarisés dans des conditions insatisfaisantes pour des motifs variés (handicap, maladie, vulnérabilité).
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Carte Blanche à Isabelle Queval
Isabelle Queval est philosophe, professeure à l’INSHEA (Institut national supérieur formation et recherche - handicap et enseignements adaptés) et ancienne sportive de haut-niveau. Elle est également directrice du Grhapes (Groupe de recherche sur le handicap, l’accessibilité, les pratiques éducatives et scolaires) et titulaire de la Chaire Unesco « Handicap, Éducation et Numérique ».
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Pourquoi une chaire de recherche ?
Pour les personnes, enfants ou adultes, avec des besoins éducatifs ou de formation particuliers, le numérique offre des possibilités inédites en matière d’inclusion sociale et/ou professionnelle :
- parce qu’il permet l’accessibilité des lieux, des transports, des services ;
- parce qu’il propose des solutions technologiques innovantes permettant d’améliorer la vie des personnes, ainsi que leur accès à l’éducation et à la formation.
L’INSEI (Institut National Supérieur de formation et de recherche pour l’Éducation Inclusive) et son unité de recherche, le Grhapes (Groupe de recherche sur le handicap, l’accessibilité, les pratiques éducatives et scolaires) ont posé leur candidature auprès de l’Unesco en 2020 pour l’obtention du label « Chaire Unesco », label obtenu en novembre 2021.
La chaire « Handicap, Éducation et Numérique », programme de recherche transversal, repose sur une pluralité de disciplines, d’outils méthodologiques et numériques innovants et sur les expertises qui en découlent, notamment celles de l’INSEI en matière de handicap et d’école inclusive.Ses objectifs ? produire, développer et évaluer des ressources numériques innovantes favorisant l’objectif d’une éducation et d’une société plus inclusive en France et à l’international.
À l’échelle internationale, cette chaire s’inscrit dans la démarche d’une éducation de qualité pour tous telle qu’elle est promue par différentes organisations (Unesco, Unicef).Le numérique, outil indispensable aux élèves en situation de handicap
On a longtemps appréhendé la question du handicap sous l’angle de l’assistance, avec une logique d’exclusion voire d’enfermement. Mais depuis les années 1970, la question est désormais abordée sous l’angle de la conquête de l’autonomie, avec une approche visant à inclure davantage dans la société et notamment à l’école les personnes en situation de handicap. Or le numérique est un facilitateur pour les personnes handicapées.
Dans le domaine de l’éducation, si le numérique est un outil particulièrement intéressant pour la réussite des élèves ordinaires, il se révèle indispensable pour les élèves en situation de handicap. Les outils numériques leur permettent de faire :
- ce qu’ils ne pourraient pas faire (pour des élèves en situation de handicap moteur) ;
- mieux et plus vite (pour les élèves porteurs de DYS) ;
- différemment (pour des élèves présentant des troubles sensoriels ou cognitifs).
Gagner en autonomie dans une société plus inclusive
Au-delà des personnes en situation de handicap, les revendications d’autonomie et de personnalisation des produits émanent de l’ensemble des utilisateurs : plus on crée des nouveaux produits pour les personnes en situation de handicap, plus ces produits finiront par changer la vie de l’ensemble de la population.
Et parce que l’innovation est essentiellement engendrée par l’observation et l’évolution des usages, l’intégration des personnes handicapées dans la conception et la production des biens et services devient un impératif.
L’usage de la technologie par les personnes handicapées nous rappelle que la machine augmente l’humain au moins autant qu’elle le remplace. C’est dans cette perspective d’un gain d’autonomie et d’inclusion que la Chaire Unesco HÉN développe ses axes de recherches.
Création du Living/User Lab : l’innovation au service du plus grand nombre
À la rentrée universitaire 2023, des travaux innovants seront publiés en matière robotique : le projet ROB’Autisme de Sophie Sakka, déjà validé nationalement et internationalement, propose à des personnes autistes un apprentissage de la lecture à partir de la programmation de robots, avec des résultats spectaculaires en seulement 20 heures.
Ce projet sera décliné à destination des personnes cérébrolésées (patients victimes de lésions d’un traumatisme crânien grave, d’un accident vasculaire cérébral par exemple) ou des personnes âgées en perte d'autonomie (Projet ROB’Zheimer).Ces travaux impliqueront les chercheurs et formateurs, les usagers, les publics des établissements scolaires, les associations et les entreprises, et tous les partenaires de la chaire Unesco.
L’idée est de pouvoir effectuer un transfert de compétences et d’innovations auprès du grand public, notamment auprès des parents, et de diffuser l’expertise du Living/User Lab dans toutes les sphères de la société concernées par les problématiques d’éducation et de formation inclusives.