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Concilier E.D.D et déploiement du numérique à l’École

Publié le 31 mai 2023, mis à jour le 31 mai 2023
  • Le numérique est omniprésent dans notre vie quotidienne pour communiquer, travailler, se divertir ou encore s'informer. Quelles sont les conséquences de ces pratiques sur l’environnement et en quoi il y a urgence à éduquer au numérique responsable ?

  • Carte Blanche à Vincent Courboulay

    Vincent Courboulay est enseignant chercheur à La Rochelle-Université, cofondateur et directeur scientifique de l’Institut du Numérique Responsable (INR). Il travaille actuellement sur la notion d'intelligence artificielle responsable.

  • Pratiques numériques : des conséquences multiples

    La généralisation de ces pratiques numériques n'est pas sans conséquence sur l'environnement. En effet, la fabrication des appareils numériques et leur utilisation entraînent de nombreuses pollutions : la production des appareils électroniques, du smartphone à l'ordinateur, nécessite l'extraction de matières premières rares et précieuses, tout en consommant une énergie considérable. De plus, leur usage quotidien engendre également une consommation énergétique importante. Selon une étude de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), la consommation d'électricité liée aux équipements numériques en France a augmenté de plus de 30 % en seulement 10 ans.

    Au-delà de ces impacts écologiques, le numérique peut également avoir des conséquences sur la santé et le bien-être des individus. En effet, l'utilisation excessive des écrans peut entraîner des troubles du sommeil, des douleurs musculaires, ou encore des problèmes de concentration.


    Enseigner le « numérique responsable » : une priorité éducative

    Face à ces enjeux, il est essentiel de sensibiliser la jeunesse aux impacts du numérique. Les écoles, collèges et lycées ont un rôle important à jouer en la matière, en formant les élèves à ces problématiques et en leur apprenant à adopter une utilisation responsable des outils numériques. Cette éducation à l'éco-responsabilité numérique peut passer par des actions concrètes comme :

    • la mise en place de programmes pédagogiques ;
    • la sensibilisation à l'écoconception des sites web ;
    • la réduction de l'empreinte écologique des équipements numériques.

    Il est donc nécessaire que les établissements scolaires se structurent. Mais souvent, la question du « comment » est un point bloquant, si on l’ajoute avec la liste sans fin des autres priorités. L’existence d’un référentiel public, voire d’un label à l’instar du célèbre label E3D  (École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable) pourrait constituer une partie de la solution.


    Label E3D numérique : l’exemple de l’Auvergne-Rhône-Alpes

    Pour rappel, la démarche E3D se conjugue avec l'ensemble des éducations transversales, non seulement l'éducation au développement durable, mais aussi l'éducation à la santé, l'éducation à la citoyenneté, l'éducation artistique et culturelle, ou encore l'éducation aux médias. La possibilité d’étendre un tel label au numérique paraît donc de plus en plus indispensable.

    Cela permettrait tout d’abord de valoriser les efforts des collèges et lycées, et pourquoi pas du premier degré, en matière de numérique responsable, tout en incitant les établissements à améliorer leurs pratiques. Il s'agirait également d'un outil de communication pour les établissements, permettant de sensibiliser les familles et les élèves à ces enjeux environnementaux et sociétaux. Une expérimentation a d’ores et déjà été mené en région Auvergne-Rhône-Alpes. L’objectif initial de ce label   portait sur la nécessité de rassembler les différentes initiatives du territoire sur le numérique responsable. En effet, si toutes avaient la même ambition de faire prendre conscience de l’impact du numérique, tant au niveau écologique que social aux élèves, parents et membres de la communauté éducative, il devenait nécessaire de proposer une solution structurée et cohérente avec l’existant.

    Le référentiel associé à l’expérimentation couvre ainsi cinq axes :

    • la gouvernance ;
    • les usages ; 
    • la formation ; 
    • la communication ;
    • l’équipement. 

    À titre d’exemple concernant ce dernier point, le label incite à favoriser le réemploi et la réparation, mais également à mettre en adéquation le matériel et le profil utilisateur. Il favorise l’inclusion d’écolabels et le développement d’une politique de tri des déchets numériques. 

    Cet outil de labélisation consolidé et opérationnel a vocation à être mis à l’échelle d’un territoire plus grand : il permettrait de promouvoir, par l’action de tous, la démarche numérique responsable dans les établissements. 

    L’enseignement des impacts du numérique, au sens large, devrait intégrer le plus rapidement possible la formation des futurs enseignants du secondaire en passant un CAPES « Numérique et sciences informatiques », mais aussi l’évaluation des jeunes via l’intégration de questions sur les impacts et solutions pour un numérique plus durable dans Pix, le service public en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques.

    Au final, l'éducation à l'éco-responsabilité numérique doit intégrer les préoccupations des écoles. Sensibiliser la jeunesse aux enjeux environnementaux du numérique est un enjeu majeur pour construire un avenir durable. La mise en place d'un label ou d'une politique numérique responsable dans les établissements scolaires est un levier essentiel pour encourager cette prise de conscience collective et permettre aux élèves de devenir des citoyens responsables et engagés.
    Nous en sommes, je pense, à un moment charnière de l’histoire du numérique. Ce moment est l’heure des choix et des actes. C’est parce que la technologie n’est ni bonne ni mauvaise que nous devons l’encadrer par des principes moraux et sociaux décidés collectivement. Le principe même de démocratie en dépend.
     

  • Ressources pour aller plus loin

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